Tuesday, March 8, 2011

Hommage à Nathalie


Hommage à Nathalie Chung Hung Tseung


Photographie extraite de la série À la poursuite de Plume,
Nathalie Chung Hung Tseung, septembre 2010
Nathalie Chung Hung Tseung nous a quittés dans la nuit du 25 au 26 février.
Certains d’entre vous l’ont fréquentée comme étudiante, d’autres l’ont davantage connue pour son travail de photographe : accompagnant de sa présence discrète et tendre les projets (le workshop avec François Méchain ou celui avec Nicolas Simarik), les festivités (le pot de départ à la retraite de Lydie Pearl), elle venait volontiers prodiguer ses conseils et parler de son expérience au sein de l’atelier photo de Benoit Lafosse ou dans mon cours sur la photographie avec les étudiants de L2…
Photographe, Nathalie était également « photographique », aussi sensible que les sels d’argent aux petits gestes, aux échanges de regards, aux menus détails que nous ne remarquions guère et qu’elle captait de son œil attentif et pénétrant. Cette aptitude particulière à découvrir la poésie et le merveilleux contenus en ce monde se reflétait dans ses photos qui ne manquaient jamais de toucher, d’émouvoir et même de bouleverser ceux qui les regardaient. Je me souviens ainsi lui avoir dit un jour que seule une belle âme pouvait prendre de si beaux clichés…
Nathalie nouait, avec ceux qui voulaient bien l’apprivoiser, des liens très forts allant au-delà de l’amitié… Nous essayons d’être à la hauteur de son amour, tant elle nous entourait elle-même de son affection, de ses paroles douces et de ses attentions délicates.
Comme le personnage de Rafaniello imaginé par Erri de Luca dans Montedidio, Nathalie avait des ailes qui lui poussaient dans le dos et son quotidien a longtemps été marqué par une souffrance silencieuse… Depuis quelques temps cependant, alors qu’elle était partie en Suisse pour intégrer une école de photographie, ses ailes commençaient à la picoter, elle nous exprimait sa difficulté à avancer et son sentiment de pesanteur. Soutenue jusqu’au bout par ceux qui l’aimaient, encouragée à rester avec nous, elle a pourtant décidé de faire le grand saut…
Avant de s’envoler, Rafaniello, le personnage de Montedidio, donne au jeune narrateur sa définition de la nostalgie :
« “Quand tu es pris de nostalgie, ce n’est pas un manque, c’est une présence, c’est une visite, des personnes, des pays arrivent de loin et te tiennent un peu compagnie.” Alors don Rafaniè, les fois où il me vient la pensée d’un manque, je dois l’appeler présence? “C’est ça, et à chaque manque tu souhaites la bienvenue, tu lui fais bon accueil.” Alors quand vous vous serez envolé, je ne dois pas sentir votre manque, moi? “Non, dit-il, quand il t’arrive de penser à moi, moi je suis présent.” »
Nathalie a pris son envol et nous laisse un vide immense mais aussi plein de souvenirs et surtout de magnifiques images comme autant de plumes qui témoignent du passage de cet ange parmi nous. Elle reste pour toujours présente dans nos cœurs.
Elisabeth Magne, Hélène Sorbé, Benoit Lafosse, Lydie Pearl, Julien Béziat, Jean-Yves Adam et Nicolas Simarik se joignent à moi pour envoyer de douces pensées à Nathalie, en espérant qu’elles l’accompagnent dans son dernier voyage. Nous souhaitons également exprimer notre affection et notre compassion à la famille de Nathalie.
(Marie Escorne
http://artsenfacbdx.free.fr/wordpress/?p=2227